DOUAI (59) 27.03.2022

Résumé
Observation du déplacement silencieux d'un PAN triangulaire avec des lumières de couleurs : phénomène non identifié après enquête.
Description

Le 27 mars 2022, à 21h30, alors qu'il observe le ciel depuis son jardin à Douai (59) lors de la sortie de ses chiens, le témoin aperçoit un phénomène aérien non identifié (PAN) légèrement à droite de l'antenne de toit du voisin, qui se déplace selon une trajectoire rectiligne.
Après avoir brièvement baissé les yeux au sol pour se repositionner, il interrompt l'observation un instant. Lorsqu'il la reprend, le PAN s'est décalé un peu plus à droite, entre l'antenne du voisin et la sienne, et prend la forme d'un triangle équilatéral aux contours nets, d'une couleur lumineuse difficile à préciser - rose, orange ou corail. De petites lumières plus claires, en nombre indéterminé, sont visibles le long des deux côtés adjacents à la pointe avant.
Le PAN se déplace de manière régulière et silencieuse, semblant suivre un axe de progression situé au niveau de la rue arrière de la propriété du témoin, avant de disparaître, au terme d'une durée estimée entre 10 et 20 secondes, derrière la ligne de hauts sapins délimitant le terrain voisin. Aucun changement d'apparence ni de comportement n'est observé durant toute la séquence.

La consistance* de ce cas est estimée bonne. Malgré un unique témoin et l'absence de photos ou de vidéos du PAN, le témoignage est très détaillé et a été réalisé le lendemain de l'observation.
*Selon les critères du GEIPAN, la consistance est la quantité d'informations considérées comme fiables et objectivées, recueillies pour un témoignage.

L'enquête, conduite sur une période prolongée et nécessitant de nombreuses vérifications (voir compte rendu d'enquête), a été menée d'abord à distance, puis complétée par des investigations de terrain au cours de l'année 2023. Ces démarches ont permis de clarifier plusieurs éléments du témoignage, d'écarter l'hypothèse d'un avion - à l'exception d'un éventuel petit appareil évoluant à très basse altitude, silencieux et dépourvu de transpondeur, scénario jugé hautement improbable -, et d'envisager l'hypothèse d'un drone suivant une trajectoire incurvée.
Cette dernière hypothèse a été étudiée au regard des éléments suivants :
- Déplacement compatible, tant par la forme de la trajectoire que par la vitesse apparente.
- Proximité de la maison d'arrêt, pouvant évoquer une mission de surveillance ou un repérage.
Cependant, plusieurs éléments conduisent à remettre en cause cette hypothèse :
- Aucune correspondance visuelle connue avec un modèle de drone civil. Il convient toutefois de noter qu'un utilisateur peut modifier son appareil en y ajoutant des éclairages LED personnalisés, comme cela a déjà été observé. Néanmoins, la forme triangulaire nette décrite par le témoin demeure peu commune, même pour un drone modifié. Les mesures prises sur place et les calculs effectués ultérieurement ont permis de montrer que seuls des modèles de drones de grandes dimensions (égales ou supérieures à environ 1 m de long) auraient pu être observés à la distance minimale possible, soit environ 28 m, plaçant ainsi le PAN au niveau du toit de la maison du témoin et sa disparition juste au-dessus des sapins bordant la route.
Bien que cela soit possible, d'autres incohérences apparaissent et sont liées à ces résultats :
• L'apparence des drones de grande taille ne correspond pas à celle décrite par le témoin. Ces appareils, généralement des multicoptères à 4, 6 ou 8 moteurs, présentent une configuration visuelle sans rapport avec la forme triangulaire observée, sauf exception d'un modèle « customisé » tel qu'évoqué plus haut.
• Les drones dits « de loisir » sont habituellement de petite taille, leur encombrement tendant à diminuer au fil des années. Les modèles de plus d'un mètre sont plutôt destinés à un usage professionnel ou militaire.
• Plus un drone est grand et proche, plus il émet de bruit. À une distance de quelques dizaines de mètres, un tel engin aurait dû être audible par le témoin, même en présence d'un léger bruit de fond (trafic routier). Le vent ne constitue pas un facteur explicatif pertinent : il était défavorable en première partie d'observation, puis favorable en seconde.
- Aspects réglementaires : un vol de drone civil dans ces conditions constituerait une infraction (vol nocturne et survol d'une zone interdite). Bien que certains opérateurs puissent enfreindre ces règles - par exemple pour effectuer un repérage nocturne au-dessus de la maison d'arrêt de Douai -, cette possibilité reste à ce jour non étayée. L'utilisation d'un drone par une autorité publique (administration pénitentiaire, forces armées) ne peut être totalement exclue. Dans ce cas, l'appareil serait toutefois identifié, autorisé et équipé de dispositifs lumineux réglementaires pour des vols de nuit dans le cadre d'une mission de surveillance.
Par ailleurs, plusieurs sociétés exploitant des drones dans un large périmètre autour du lieu d'observation ont été contactées. Une seule a répondu, indiquant ne pas avoir connaissance d'une telle opération ni de drone correspondant à la description.
Les drones illégalement utilisés à proximité des établissements pénitentiaires, y compris celui de Douai, sont en général de petits quadricoptères de loisir, sans rapport avec le PAN observé.
Enfin, un instructeur spécialisé en drones de la Marine nationale et de l'Aéronavale a été consulté concernant les marquages lumineux employés sur les drones militaires. Selon lui, aucune configuration lumineuse connue ne correspond à celle rapportée. Il précise également que les drones militaires, notamment ceux engagés dans des exercices, sont conçus pour maximiser leur discrétion sonore et visuelle, ce qui réduit la plausibilité de l'hypothèse d'un drone au vu de la luminosité observée.

Au regard de l'exploitation du témoignage et de la confrontation de l'observation à des hypothèses de phénomènes connus Le GEIPAN classe le cas en « D » : phénomène non identifié après enquête.