FOA (LA) (988) 02.03.1984

Summary
Observations du déplacement d'une boule de lumière blanche à basse altitude et disparition derrière des arbres : manque d'information.
Description
Le GEIPAN continue à publier l’ensemble de ses archives sur son site public www.geipan.fr. Dans ses publications, figurent des cas anciens classés à l’époque (A, B, C ou D) et qui font aujourd’hui l’objet d’un réexamen, dans le seul but d’être plus pertinent dans les conclusions. Grâce à de nouveaux moyens techniques (logiciels) et à l’expérience d’enquête acquise depuis toutes ces dernières années, ce réexamen aboutit quelquefois à de nouvelles remarques voire à un changement de classification. Ce cas d’observation précédemment classé D et nommé LA FOA (988) 05.03.1984 fait partie d’un ensemble de cas réexaminés récemment.
Ce cas concerne l’observation d’un PAN par plusieurs habitants de la commune de LA FOA (988) à des dates différentes (les 2 et 5 et une date de jour inconnue) au mois de mars 1984 (voir le compte rendu d’enquête).
Le 7 mars 1984 la gendarmerie est avisée que plusieurs personnes d'un quartier de LA FOA en Nouvelle-Calédonie ont fait des observations à plusieurs reprises de phénomènes lumineux dans le ciel. L'enquête de gendarmerie rapporte sur un même procès-verbal que :
- le 5 mars 1984 entre 04h30 et 6h30 deux témoins en voiture (T1 et T2) font une très longue observation d'un phénomène particulièrement lumineux dans le ciel.
- le 2 mars 1984 vers 20h deux témoins chez eux (T3 et T4) ont observé une boule de feu émettant une lumière blanche.
- et à une date dont il ne se souvient pas du jour mais toujours au mois de mars 1984, un autre témoin (T5) a fait une observation à trois reprises depuis son domicile d'une "large bande de lumière".
Un tout dernier témoin (T6) est entendu par la gendarmerie car il est indiqué dans la déposition de T5. Cependant ce dernier témoin n'a fait aucune observation.
Les témoins ou paires de témoins observent un PAN à des dates et heures différentes, les positions et mouvements des PANs étant eux même différents. Il convient de rechercher une explication propre à chacune des trois observations (T1-T2, T3-T4 et T5) sans induire au départ qu’il puisse s’agir d’un même phénomène.
Par ailleurs, la gendarmerie est intervenue suite à la rumeur à propos d’habitants ayant vu à plusieurs reprises des formes lumineuses dans le ciel. Aucun témoin n’a déclaré spontanément son observation. Du fait de cette rumeur et de recoupements approximatifs opérés entre témoins, il est possible que l’étrangeté rapportée par des témoins lors des dépositions soit plus forte que celle ressentie au moment de l’observation et que, prises isolément, certaines observations auraient pu passer inaperçues.
Ce qui précède peut expliquer le caractère anecdotique ou pour le moins non consistant de la déposition de T5 :
- Le témoin ne sait plus si c’est la veille ou l’avant-veille (« Il y a un ou deux jours ») ce qui n’est jamais le cas quand l’observation est vraiment étrange.
- L’information disponible est imprécise (non seulement au niveau de la date) et ne permet aucune analyse précise (« comme une large bande de lumière, éclairant le ciel d'une façon intense, s'est produite, ce à trois reprises différentes. On aurait dit comme le passage d'un objet très lumineux qui se déplaçait de la droite vers la gauche au-dessus des arbres faisant face à mon habitation »).
- Le témoin possède une première explication d’ordre météorologique, ce qui ne supprime pas l’étrangeté perçue mais en réduit l’ampleur (« Un temps j'ai pensé que cela annoncé l'arrivée de mauvais temps, tout en restant choqué par ce phénomène. »).
- Dans le contexte ambiant, on ne peut exclure, compte tenu du peu d’informations disponibles, qu’une configuration particulière de faisceaux de phares de véhicules projetée dans le ciel ait pu produire une première étrangeté limitée au départ et accrue rétrospectivement.
L’observation de T5 est d’une consistance (information comme fiabilité) très faible au vu des éléments disponible 35 ans après. Cette observation d’une étrangeté a priori plutôt faible est inexploitable (classement C) par manque d’informations fiables.
A l’opposé, les témoignages de T1 et T2 font état d’un niveau réel d’étrangeté perçue (même si celle-ci a pu croitre après l’observation) et possèdent un bon niveau d’information. Ces deux témoins ont sans aucun doute fait une méprise avec Vénus.
- L’aspect décrit du PAN est conforme : boule lumineuse, couleur blanche et luminosité forte, traits décrits sous le PAN assez récurrents des méprises avec Vénus.
- La longue durée de l’observation (2 heures d’après T1) est caractéristique d’une méprise astronomique, et la disparition du PAN pendant une demi-heure après le lever du Soleil est caractéristique de Vénus.
- Vénus était dans la direction indiquée par les témoins et aurait dû être au voisinage du PAN si ce dernier n’était pas Vénus, alors que les témoins font état d’un ciel étoilé et dégagé et ne mentionnent pas à la proximité du PAN la plus brillante des étoiles.
Les témoins notent un déplacement du PAN, ce qui parait incohérent avec Vénus.
- Il est à noter que les témoins étaient en voiture au début de l’observation, ce qui a pu provoquer une illusion de mouvement du PAN dans l’environnement et horizon proche alors que c’est cet environnement qui évoluait devant Vénus du fait du profil vallonné et tournant de la piste empruntée par les témoins.
- La description de T2 pourrait laisser penser à un déplacement du PAN se produisant après un arrêt du véhicule (« il a arrêté le véhicule. C'est alors que le faisceau lumineux a disparu, la boule s'est stabilisée puis est partie en direction de la montagne de Ouipoin – Koindé »). Cette description conforte l’explication précédente car l’arrêt du véhicule est suivi par une stabilisation de la boule. La description de déplacement final vers la montagne est également compatible de l’hypothèse. En effet, une diminution d’intensité de Vénus (variation du voile atmosphérique) est logiquement interprétée par le témoin comme une augmentation en distance du PAN dans l’axe de visée qui correspond à la direction de la montagne en question.
T2 signale que « le faisceau lumineux a disparu » après que T1 ait fait un code phare avec son véhicule. Cette conjonction n’est pas signalée par T1 qui signale seulement « À un certain moment la forme trapézoïdale s'est éteinte et je ne percevais que la lueur du ballon » alors que c’est lui qui est à priori à la recherche d’une réaction du PAN en actionnant un code-phare. L’arrêt du faisceau résulte d’une évolution du voile atmosphérique tandis que la mémorisation et/ou l'interprétation par T2 d’une conjonction ou causalité avec le phare-code sont à mettre sur le compte de l’étrangeté vécue, voire accrue à postériori.
Pour l’observation de T3 et T4 : la description d’une boule lumineuse en déplacement lent peut évoquer l’observation d’un aéronef ou d’un satellite. Mais rien ne figure dans le relevé d’opérations aériennes fait juste après l’observation, ni dans le relevé de passages de satellites que l’on peut faire 35 ans après. L’observation a donc un caractère étrange. Par contre la consistance est faible.
- En terme d’’information, nous ne disposons d’aucune indication de durée ou de taille angulaire du PAN.
- On peut douter de la fiabilité : les deux témoins T3 et T4 font tous les deux un récit minimal sans aucune traduction d’étrangeté vécue, comme s'il suffisait juste de répondre aux questions des gendarmes qui viennent à leur rencontre suite aux déclarations d’observation qu’ils auraient pu faire dans le voisinage. T2 a en effet rapporté aux gendarmes une observation relatée par T3. Le court récit de T3 et T4 est quasiment identique avec les mêmes expressions et les mêmes mots, comme s’il y avait eu une concertation avant l’audition auprès des gendarmes. T3 aurait fait part à T2 de deux observations antérieures et similaires à celle de T2, mais ne mentionne pas aux gendarmes la seconde (3 mars à 4H00) et fait une description de la première (2 mars à 19H00) qui a peu d’analogie avec celle de T2 (direction et mouvements très distincts). La consistance de l’observation de T3 et T4 n’apparait pas suffisante pour soutenir l’étrangeté qui s’en dégage et lui donner un caractère inexpliqué.
En conséquence :
Cas FOA (LA) (988) 05.03.1984 : l'observation de T1 et T2 est classée A, observation de la planète Vénus.
Cas FOA (LA) (988) 02.03.1984 : l'observation de T3 et T4 est classée C, potentiellement étrange mais non exploitable par manque d’informations fiables.
Cas FOA (LA) (988) --.03.1984 : l'observation de T5 est classée C, potentiellement peu étrange mais non exploitable par manque d’informations fiables.