TOULAUD (07) 08.05.1980

Résumé
Observations d'un phénomène lumineux vif blanchâtre à faible altitude ; effet de déplacement avant-arrière : observation de Vénus.
Description
Le GEIPAN continue à publier l'ensemble de ses archives sur son site public www.geipan.fr. Dans ses publications, figurent des cas anciens classés à l'époque (A, B, C ou D) et qui font aujourd'hui l'objet d'un réexamen, dans le seul but d'être plus pertinent dans les conclusions. Grâce à de nouveaux moyens techniques (logiciels) et à l'expérience d'enquête acquise depuis toutes ces dernières années, ce réexamen aboutit quelquefois à de nouvelles remarques voire à un changement de classification.
Ce cas d'observation précédemment classé D et nommé TOURNON (07) 1980 fait partie d'un ensemble de cas réexaminés récemment.
Le 08 mai 1980 vers 22h 30 des militaires, en exercices de tir de nuit, observent un phénomène particulier au-dessus du terrain d'entraînement. Leur attention est attirée par un point émettant une lumière vive blanchâtre. Les témoins décrivent un objet à l'Ouest qui se déplace dans leur direction se rapproche et s'éloigne sans bruit. La durée d'observation est longue avant que l'objet ne disparaisse à l'Ouest.
Ces témoignages de militaires de carrière rapportés par le PV de gendarmerie présentent les caractéristiques d’une observation d'un astre. Caractéristiques aujourd'hui bien connues du GEIPAN avec l'accumulation de cas expliqués de ce type en particulier au cours des dix dernières années (voir site www.geipan.fr et recherche de cas avec les phénomènes astres, venus, lune, soleil) :
- durée d'observation longue de plus de 30 minutes, faible hauteur dans le ciel, quasi-stationnarité ou très faible trajectoire dans le ciel. En effet, aucun des témoin ne décrit une évolution angulaire du PAN, alors que l'observation est sur plus de 1h.
- sensation de déplacement avant arrière du PAN. Le témoin ayant interprété l’astre comme un objet proche, toute variation d'intensité lumineuse de l'astre est logiquement interprétée comme un déplacement vers l'avant ou l'arrière de l'objet qui garderait son intensité propre constante. T2 dit "Ce point lumineux devait se trouver à une distance assez grande, au-dessus de la montagne! Ce point s'est rapproché, jusqu'à devenir de la taille d'un ballon de football, il était d'une grande luminosité. Il s'est arrêté face à nous, dans la direction des cibles, et sa luminosité a éclairé sensiblement l'endroit où nous nous trouvions. Je précise que le ciel où se trouvait cet objet était absolument dégagé de tout nuage". T1 dit "Cet objet est ensuite reparti à une vitesse bien plus vite que celle qu'il était venu. Lorsque cet engin est reparti, nous avons continué notre séance de tir. Dix à douze minutes après s'être éloigné, cet engin est revenu mais à une distance beaucoup plus éloignée".
- non identification par les témoins d'un astre remarquable car très lumineux pourtant présent dans la direction de l'observation, alors que le ciel est décrit comme dégagé et étoilé.
On vérifie qu'il s'agit effectivement d'un astre à savoir Vénus. La direction de Vénus (évoluant de azimut 290° à azimut 300°) est compatible de l’observation de T1, seul témoin donnant la direction: "Ce phénomène venait de la direction de l'ouest. Il est reparti dans la même direction" (le mouvement Ouest-Est étant l'illusion de rapprochement-éloignement précédemment décrite).
La première méprise, qui entraine l'autre (mouvement avant-arrière) réside dans la non reconnaissance de l'astre. Vénus est à l'origine de nombreuses méprises. Il s'agit de "l'étoile" de loin la plus brillante, (ici magnitude -4,5), elle est visible à faible élévation dans le ciel (ici de 16° à 11°) et ses rayons traversent une forte épaisseur atmosphérique, conférant des effets variables, de variation d’intensité lumineuse, de distorsion de couleur, de halo, voire d'oscillation du fait de turbulences dans l'atmosphère. Ici, le PAN est vu jaune ou blanc, et selon des intensités variables. Tous ces effets existent même en absence de nuages et peuvent être accentués (variation d'intensité, jusqu’à quasi- disparition) par la présence de voiles nuageux sinon invisibles. On vérifie que Vénus est bien visible compte tenu des montages environnantes : l'obstacle dimensionnant en élévation dans la direction de Vénus depuis le champ de tir est le mont de Rosier ou Cerisier à 700 m d'altitude soit une dénivelée d'environ 200m depuis le champ de tir à plus de 1,5 km, soit encore un angle de 8°, trop faible pour masquer Vénus.
Les indications des témoins, s’agissant de la direction du PAN ne sont pas assez précises pour assurer une correspondance exacte avec Vénus. Mais les témoins assurent l'absence de nuages et "un temps étoilé", ils observent à l'Ouest, à hauteur voisine des montagnes et ne remarquent pas Vénus qui est l'étoile "qui saute aux yeux" quand on regarde ce secteur de ciel (les autres étoiles "fortes" sont Capella et Procyon, beaucoup moins lumineuses, magnitude de 4 points inférieures !), alors même qu'ils font mention à la taille d'une étoile pour qualifier la taille finale du PAN. Si le PAN aurait été autre que Vénus, Vénus aurait été utilisée pour repérer le PAN.
Les autres éléments d'étrangeté comme " l'éloignement du PAN" lorsque les lampes sont orientées vers lui ou la montre qui le lendemain est en avance sont de pures coïncidences qui ont ici attiré l'attention des témoins en raison du climat d'étrangeté déjà en place.
Les éléments ci-dessus ne laissent aucun doute. Le GEIPAN classe le cas en A : observation de Vénus.
Ces témoignages sont peu précis en terme d'informations. Ils illustrent bien l'étrangeté que peut engendrer un astre, ici Vénus, y compris pour des militaires de carrière.